La créativité est-elle soluble dans le numérique ?
Comment être créatif dans un monde numérique ? Luc de Bradandère, philosophe, senior advisor au Boston Consulting Group, qui est intervenu lors de la conférence USIConnect, organisée par Octo Technology, propose des réponses aux questions clés dans ce domaine. Avec une certitude : l'intelligence artificielle ne pourra pas lutter contre le cerveau humain en matière de créativité.
Qu’est-ce que la créativité ?
La créativité, c’est ce qui caractérise l’être humain, ce n’est pas une théorie que l’on peut enseigner. La règle de base de la créativité, c’est la simplification, grâce à des stéréotypes, des paradigmes, des modèles... Quand un PDG dit « Je pense à mes clients », ce n’est concrètement pas possible ! Il pense à des catégories, des segments de marché... Bref, il crée des simplifications. L’objectif de ces simplifications est d’être utiles, un concept ou un modèle n’étant jamais vrai ou faux. La créativité, c’est donc la capacité d’un individu à changer sa perception. Les créatifs sont ceux qui simplifient autrement.
Toutefois, on ne peut jamais avoir de certitudes. Une idée est une hypothèse de travail, la pensée part de cette hypothèse et permet de déduire, avec un processus d’induction/déduction. Les simplifications nous permettent de faire des déductions sur le monde : c’est ce que l’on appelle la pensée hypothético-déductible. Ce type de déduction est typiquement un mécanisme que l’on pourra un jour déléguer aux machines. L’induction, en revanche, ne pourra jamais être totalement gérée sur les machines. Ne serait-ce que parce qu’une induction parfaite est impossible, car c’est un mécanisme humain. D’ailleurs, il n’est pas rationnel d’être 100 % rationnel ! Quelqu’un qui ne doute de rien ne sera jamais créatif.... En outre, l’induction est infinie, avec de l’ambiguïté, chacun ne voyant pas le monde de la même manière, n’oubliant pas les mêmes choses, ne créant pas les mêmes simplifications.
Par contre, nous avons tous une chose en commun : notre cerveau n’aime pas le disparate ! A chaque fois que nous contemplons quelque chose qui nous échappe (un dessin inachevé, des jeux de vision d’optique, etc.), le cerveau crée des hypothèses et cherche à les résoudre. A chaque complément d’information, il s’adapte et propose de nouvelles hypothèses. Rappelons qu’aucune idée n’est née bonne : elle est juste une nouvelle supposition, qui peut, peut-être, devenir une bonne idée.
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Philippe Rosé
Docteur en sciences économiques et auteur d’une vingtaine d’ouvrages sur le management des systèmes d’information, Philippe Rosé est rédacteur en chef des publications Best Practices.