Comment reprendre le contrôle du SI

Le dernier Symposium organisé par Gartner, qui s’est déroulé à Barcelone début novembre 2019, a abordé tous les grands thèmes de l’évolution des systèmes d’information, du rôle des DSI et des problématiques digitales.
Parmi les 220 présentations d’analystes et les 7 000 slides associés, nous avons identifié les tendances clés de l’évolution du positionnement du DSI et les challenges majeurs auxquels ils sont confrontés.
Les DSI ont-ils définitivement perdu le contrôle sur les budgets IT. A cette question, Simon Mingay, analyste chez Gartner, répond par l’affirmative : « La croissance des budgets IT et des investissements est passée, de manière irrévocable, dans les mains des métiers au détriment des DSI », assure-t-il. Il estime que 36 % des budgets IT des entreprises sont investis directement par les métiers (1). « Résultat de ce mouvement systémique : le leadership du DSI et la gouvernance ne seront plus les mêmes. » Mais, reconnaît l’analyste de Gartner, « les métiers ne comprennent pas toujours ce qu’ils achètent ou ce qu’ils développent. » Comment un DSI peut-il savoir s’il est proche du point de rupture qui va faire basculer une partie significative des dépenses IT dans les mains des métiers ? Simon Mingay suggère de répondre à six questions et si des réponses positives sont apportées à au moins trois d’entre elles, le risque est important :
1. La DSI identifie des opportunités significatives pour accélérer la valeur si les métiers investissent directement dans des solutions IT.
2. L’entreprise a perdu en visibilité et en contrôle stratégique sur son portefeuille applicatif ou ses flux d’informations.
3. La perception que les métiers dépensent beaucoup en solutions IT est significative.
4. Plus de deux des dix derniers incidents ou dysfonctionnements majeurs ont eu pour origine des solutions acquises directement par les métiers.
5. Plus de 10 % des applications critiques sont managées directement par les métiers.
6. La DSI a perdu le contrôle des demandes d’applications ou de services (il y en a trop ou trop peu).
Pour reprendre le contrôle de la situation, Simon Mingay suggère plusieurs approches : renforcer les processus collaboratifs avec les métiers pour instituer un dialogue plus constructif, démontrer la création de valeur de la DSI pour toute l’entreprise, auditer les usages de toutes les solutions IT, renforcer la transparence, préciser les mécanismes de prise de décision, les critères d’investissement et de gouvernance, adapter les compétences…Pour les DSI, heureusement, trois éléments contribuent à maintenir un environnement relativement favorable. D’abord, les budgets IT affichent toujours une progression : les entreprises européennes dépenseront, en 2020, 798 milliards de dollars pour les technologies de l’information, en hausse de 3,4 % (2). Au niveau mondial, depuis 2016, la croissance se situe entre 2,2 % et 3 % (2,9 % en 2019) (3). Ensuite, les directions générales placent les DSI en tête pour le niveau de maturité selon les métiers, devant les DAF et les directions marketing, et loin devant les DRH (4). Enfin, les directions générales s’emparent de plus en plus des problématiques digitales. Selon Gartner, le terme n’apparaissait dans le Top 5 des priorités des DG que dans 2,1 % des entreprises au début des années 2000, c’est aujourd’hui le cas dans presqu’une entreprise sur cinq. Et la proportion d’entreprises qui ont une stratégie digitale est passée de 62 % en 2018 à 82 % en 2019. Si l’enjeu est de reprendre le contrôle du SI, plusieurs approches s’avèrent pertinentes, notamment dans les mécanismes de prise de décision, la communication, la gestion du changement, la modernisation du SI, les coûts, le sourcing, le leadership…
Best Practices propose des publications payantes.
Comparez nos différentes offres d'abonnement.

Philippe Rosé
Docteur en sciences économiques et auteur d’une vingtaine d’ouvrages sur le management des systèmes d’information, Philippe Rosé est rédacteur en chef des publications Best Practices.