L’organisation apprenante est-elle un mythe ?
Le principe de l’amélioration continue est largement reconnu et accepté par les entreprises. Hélas, dans la réalité, les organisations n’apprennent pas de leurs erreurs. Plusieurs raisons expliquent ce décalage. Quatre biais sont en particulier dévastateurs pour l’amélioration continue. Pourquoi les entreprises ne capitalisent-elles pas suffisamment sur leurs erreurs passées ?
À l’heure où l’amélioration continue devient un standard dans les bonnes pratiques pour gérer n’importe quel projet et capitaliser pour le futur, il est paradoxal de constater que, sur le terrain, tout ne se passe pas comme prévu. Deux universitaires américains, Francesca Gino (Harvard Business School) et Bradley Staats (université de Caroline du nord) expliquent cette situation par quatre biais qui touchent toutes les organisations.
1. Le biais lié au succès : la peur de l’échec
Deux attitudes sont significatives : d’une part, la peur de l’échec, parce que cette perspective « crée de l’angoisse, de la colère, de la honte, voire favorise des états dépressifs », soulignent les auteurs, « la plupart des individus cherchent à éviter les erreurs ou, lorsqu’elles se produisent, à les "cacher sous le tapis". » D’autant, ajoutent les auteurs, que « les directions générales ont, souvent inconsciemment, institutionnalisé cette peur de l’échec. De fait, il n’y a pas de budget ni de temps pour expérimenter et les bonus dépendent du suivi du plan établi. »
D’autre part, l’attitude à l’égard du succès. Les auteurs distinguent une attitude déterministe et une autre dite « d’ouverture » (growth mindset). La première se base sur l’idée que l’intelligence et le talent sont avant tout une affaire de génétique : certains en ont, d’autres pas. « Les individus qui privilégient cette attitude ne veulent pas échouer, de peur de paraître incompétents, cela limite leur capacité à apprendre parce qu’ils se focalisent trop sur la performance à atteindre. » La seconde pose que les individus recherchent des challenges et des opportunités d’apprendre et ils sont persuadés que l’on peut toujours s’améliorer.
« Why Organizations Don’t Learn », par Francesca Gino et Bradley Staats, Harvard Business Review, novembre 2015.
Best Practices propose des publications payantes.
Comparez nos différentes offres d'abonnement.
