Emprise
La mort de Ben Laden a suscité une grave question : une organisation peut-elle survivre lorsqu’elle est décapitée ? Les historiens nous apprennent que si l’organisation est décentralisée, elle survivra toujours.
C’est ce qui explique par exemple pourquoi les Espagnols ont décimé les Aztèques et les Incas (organisations centralisées), en exterminant leurs chefs, alors qu’ils n’ont pu anéantir les Apaches (tribus mobiles au fonctionnement très décentralisé), comme nous le montre l’ouvrage paru en 2006 The Spider and the Starfish (« L’Araignée et l’Étoile de mer ») sur le pouvoir des organisations décentralisées. Au-delà de ces considérations géopolitiques, on peut tirer deux enseignements. Le premier au niveau macroéconomique : à l’heure des réseaux, les tentatives d’extermination du piratage sont souvent vouées à l’échec, face à des organisations sans chefs ni structures hiérarchiques. Le second, au niveau de l’entreprise : les DSI qui s’obstinent à bloquer les accès aux réseaux sociaux, de leur propre initiative ou pour suivre les directives de directions générales frileuses et peu au fait du fonctionnement des organisations numériques, ne peuvent atteindre leur but, face aux stratégies de contournement des utilisateurs. Cela pose, plus généralement, le problème de l’efficacité des politiques de sécurité, avec le bon dosage entre interdiction-sensibilisation-stratégies d’influence.
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Philippe Rosé
Docteur en sciences économiques et auteur d’une vingtaine d’ouvrages sur le management des systèmes d’information, Philippe Rosé est rédacteur en chef des publications Best Practices.