Addiction aux audits de licences
Le fait que les éditeurs de logiciels tireraient entre 25 et 50 % de leurs revenus de la conduite d’audits chez leurs clients (lire Les audits logiciels pour satisfaire les actionnaires, Best Practices SI, N° 152, 1er juin 2015) révèle trois enseignements. Le premier est que beaucoup d’entreprises se résignent à payer en étant de bonne foi.
Selon une enquête mondiale d’IDC, 21 % ont payé plus d’un million de dollars en 2014 et 56 % plus de 100 000 dollars. Vu la taille du marché mondial des logiciels (320 milliards de dollars en 2015) et la proportion d’entreprises auditées (63 % sur une période de deux ans), c’est une manne considérable pour les éditeurs. Le second enseignement est que, si ces revenus font partie intégrante du business model des éditeurs, il est à craindre qu’ils soient de plus en plus tentés de privilégier ce chiffre d’affaires facile à générer à court terme, au détriment de leur capacité d’innovation : se payer sur la bête en exploitant les entreprises « vaches à lait » ou séduire de nouveaux clients avec des solutions innovantes ? Les grands éditeurs, tous cotés en bourse, n’hésiteront pas. Troisième enseignement : ces pratiques deviennent addictives pour les éditeurs qui, à l’image des drogués, ne peuvent plus revenir en arrière sous peine de voir chuter leur chiffre d’affaires et mécontenter leurs actionnaires. Ils vont donc, là encore à l’instar de drogués en manque, devenir plus agressifs pour se procurer leurs doses de chiffre d’affaires. Les DSI peuvent, et doivent, se défendre, nous y reviendrons dans un prochain numéro. Le principe appliqué en cas de prise d’otages (« aucune rançon ne sera payée ») vaut aussi pour les DSI...
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Philippe Rosé
Docteur en sciences économiques et auteur d’une vingtaine d’ouvrages sur le management des systèmes d’information, Philippe Rosé est rédacteur en chef des publications Best Practices.