Rapport Lemoine : un plan d’accompagnement au changement pour la transformation numérique ?
En janvier 2014, une mission gouvernementale sur la transformation numérique de l’économie a été confiée à Philippe Lemoine, Président-directeur général de LaSer.
Le rapport de cette mission a été remis à Marylise Lebranchu, Thierry Mandon et Axelle Lemaire le 7 novembre. Il s’ouvre sur plusieurs constats rafraîchissants, s’insurgeant par exemple contre les stratégies d’innovation pilotées depuis le sommet des organisations, en soulignant la primauté de l’expérience client : « le numérique est dominé par les personnes et tout doit être pensé et mis au point en ne raisonnant que sur leurs priorités».
« Au total, la transformation numérique présente pour la France plus d’opportunités que de risques », estiment les auteurs. Reste à savoir comment les exploiter au mieux. Objectif affiché : face aux « GAFA » (Google, Apple, Facebook et Amazon), promouvoir le développement de champions français et européens.
Dans ce but, le rapport énonce plusieurs propositions transverses et sectorielles pour lever les freins existants à l’innovation numérique. Sur certains aspects (administratif, formation, soutien aux PME), l’Etat peut clairement jouer un rôle de facilitateur. Néanmoins, l’histoire des géants américains enseigne une chose : l’innovation ne se décrète pas. Aussi, à la lecture de certains des projets proposés en exemple (paiement anonyme sécurisé, librairie du futur...), on se demande parfois si c’est bien à la puissance publique de tracer la route. Au final, n’est-ce pas plutôt le citoyen, le client ou l’usager qui trancheront ?
Le rapport Lemoine gagne à être vu comme un plan de conduite du changement. Il est pertinent quand il définit la vision et le cadre à mettre en place pour favoriser la transition, moins quand il propose une sorte de plan quinquennal pour le numérique : dans ce domaine, s’il y a bien une chose que les DSI peuvent enseigner, c’est que l’agilité prime. Ceux-ci ont été consultés lors de cette mission, notamment par le biais du Cigref, et ils ont soulevé l’enjeu. Si cette reconnaissance de leur fonction est valorisante, peut-être faudrait-il un peu plus les écouter quand ils disent par exemple « L’innovation digitale incrémentale, c’est du travail sur le terrain » ?
Best Practices propose des publications payantes.
Comparez nos différentes offres d'abonnement.

Aurélie Chandèze
Titulaire de deux masters en informatique et en sciences de l’information, Aurélie Chandèze a débuté en tant que journaliste IT. Après avoir été analyste chez Yphise puis consultante chez Acadys, elle a rejoint Best Practices fin 2009.